Un plan sanitaire contesté malgré les annonces
La crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a pris une tournure politique avec l'intervention directe du Premier ministre Sébastien Lecornu. Mardi 16 décembre, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a présenté un plan de bataille pour éradiquer l'épidémie qui frappe les élevages du Sud-Ouest depuis octobre. Un plan qui, malgré des ajustements, reste critiqué par une partie du monde agricole.
Vaccination et abattage : une stratégie sanitaire inflexible
Le gouvernement maintient sa ligne directrice : abattage systématique des troupeaux contaminés dès le premier cas détecté, couplé à une vaccination ciblée. Initialement, l'objectif était de vacciner un million de bovins, mais il a été revu à la baisse à 750 000 dans les zones touchées, en plus des vaccinations déjà réalisées sur le territoire. La ministre s'est engagée à ce que les 1 000 exploitations de l'Ariège soient couvertes d'ici fin décembre.
Parallèlement, un fonds de soutien de 10 millions d'euros a été annoncé pour les petits éleveurs. Une mesure jugée insuffisante par les syndicats agricoles, qui dénoncent une politique sanitaire déséquilibrée.
Un gouvernement sous pression
Le gouvernement Lecornu II, déjà fragilisé par les tensions sociales, tente de désamorcer la crise.
Sans rien sacrifier de son protocole sanitaire, qu'il juge suffisamment étayé par la science, l'exécutif cherche à sortir de la confrontation avec le monde agricole.Une posture qui rappelle les difficultés du quinquennat Macron, marqué par des crises agricoles répétées.
Les oppositions, notamment de gauche, pointent du doigt l'absence de dialogue avec les professionnels. Pourquoi s'entêter dans une stratégie qui divise plutôt que de chercher un compromis ? interroge un député européen proche des syndicats agricoles.
Un contexte européen et international tendu
La France, en première ligne face à cette épidémie, pourrait s'inspirer des modèles norvégiens ou islandais, réputés pour leur gestion rigoureuse des crises sanitaires. À l'inverse, les méthodes autoritaires de certains pays comme la Hongrie ou la Turquie, souvent critiquées par Bruxelles, semblent écartées par Paris.
Alors que la guerre en Ukraine et les tensions avec la Russie pèsent sur les approvisionnements, le gouvernement français se retrouve isolé dans sa gestion de la crise. Une situation qui pourrait alimenter les critiques sur la souveraineté industrielle française, déjà fragilisée par les dépendances extérieures.