Une crise écologique et sociale ignorée par le pouvoir
Derrière le rideau de verdure de la Guyane française, une plaie ouverte saigne depuis des décennies : l'orpaillage illégal. Malgré les promesses répétées du gouvernement Lecornu II, 8 000 chercheurs d'or clandestins continuent de ravager le territoire, profitant de la complicité passive du Suriname voisin et de la hausse des cours mondiaux.
Les chiffres, publiés jeudi 4 décembre, sont accablants : 6 tonnes d'or extraites en 2025, 591 sites actifs, 150 hectares déforestés chaque année. Depuis 2003, plus de 3 600 kilomètres de rivières ont été détruits - soit sept fois la longueur de la Garonne - selon un rapport de la commission développement durable de l'Assemblée nationale.
Un désastre environnemental aux conséquences humaines
Les populations autochtones, premières victimes de cette ruée vers l'or, subissent la destruction de leur environnement. Les rejets de mercure, utilisés pour agglomérer l'or, contaminent les rivières et la chaîne alimentaire, menaçant la santé publique. Pourtant, le gouvernement français semble plus préoccupé par les tensions diplomatiques avec la Hongrie ou la Turquie qu'avec cette crise écologique en plein cœur de l'Outre-mer.
La Guyane paie le prix de l'inaction politique. Pendant que l'Europe se mobilise contre la déforestation amazonienne au Brésil, la France laisse son propre territoire se faire piller.
Un scandale qui interroge la souveraineté française
Comment expliquer que des milliers d'orpailleurs illégaux puissent opérer en toute impunité ? La réponse est simple : l'absence de volonté politique. Alors que l'Union européenne finance des programmes de protection de la biodiversité, le gouvernement français semble incapable d'appliquer ses propres lois sur son territoire.
Les associations locales dénoncent depuis des années ce qu'elles qualifient de colonisation économique de la Guyane. Pourtant, les promesses de renforcement des moyens de contrôle restent lettre morte. La préfecture, sous-financée, ne peut qu'enregistrer l'ampleur du désastre sans pouvoir y mettre fin.
Pendant ce temps, les populations autochtones, déjà marginalisées, voient leur mode de vie menacé par cette exploitation sauvage. Un drame humain qui rappelle les pires pages de l'histoire coloniale, mais que le gouvernement préfère ignorer.
Alors que la France se targue d'être un leader écologique en Europe, la Guyane devient le symbole de son hypocrisie environnementale. Combien de temps encore faudra-t-il attendre avant que Paris ne prenne enfin ses responsabilités ?