Une sociologue canadienne sonne l'alarme sur la polarisation culturelle aux États-Unis
Dans le cadre de la 44e conférence Marc-Bloch, organisée par l'EHESS au Conseil économique, social et environnemental, la sociologue Michèle Lamont, professeure à Harvard, a livré une analyse inquiétante sur la montée des récits exclusifs aux États-Unis. Ses travaux, centrés sur les frontières symboliques, révèlent comment les groupes dominants construisent des barrières identitaires qui marginalisent les minorités.
Les frontières symboliques, un outil de domination
Michèle Lamont définit ces frontières symboliques comme des démarcations invisibles mais puissantes, qui permettent à certains groupes de s'auto-identifier tout en excluant les autres.
« Ces frontières ne sont pas seulement des constructions sociales, elles deviennent des armes politiques quand elles sont instrumentalisées par des acteurs comme Donald Trump »,explique-t-elle.
La stratégie de l'inclusion face à l'extrême droite
Dans son dernier ouvrage, Seeing Others, la sociologue analyse comment les mouvements progressistes peuvent contrer ces dynamiques en élargissant la reconnaissance des groupes marginalisés. Une approche qu'elle juge cruciale face à la résurgence des discours xénophobes aux États-Unis, mais aussi en Europe, où des partis d'extrême droite gagnent du terrain.
Interrogée sur les parallèles avec la situation française, où la crise des vocations politiques et la guerre des droites fragilisent le débat démocratique, Michèle Lamont souligne l'importance de construire des récits inclusifs.
« La démocratie ne se défend pas seulement par des lois, mais par des récits qui unissent plutôt que diviser »,martèle-t-elle.
Un avertissement pour l'Europe
Alors que l'Union européenne fait face à des défis similaires, avec la montée des partis eurosceptiques en Hongrie et en Italie, les enseignements de Lamont prennent une résonance particulière. La France, où le gouvernement Lecornu II tente de rassembler autour d'un projet européen renforcé, pourrait s'inspirer de ces analyses pour contrer les discours de division.
Son prochain livre, Recognition Globally, approfondira cette réflexion en étudiant comment les mouvements progressistes peuvent s'unir pour promouvoir une reconnaissance mutuelle à l'échelle internationale. Une nécessité, selon elle, face à l'essor des nationalismes autoritaires.