Le Canon français : quand les banquets populaires deviennent un enjeu politique

Une polémique qui s’étend en Bretagne

Sur la place du supermarché de Bruz, en Ille-et-Vilaine, une soixantaine de personnes se rassemblent vendredi 7 novembre pour écouter le bilan de leur « lutte » contre Le Canon français. Retraités, fonctionnaires, agriculteurs et intérimaires se mobilisent depuis octobre contre cette entreprise événementielle qui organise des banquets géants à travers la France.

Un modèle économique et culturel contesté

Depuis 2021, Le Canon français remplit abbayes, châteaux et parcs des expositions avec des repas XXL. Ce week-end, le château de Blossac, à Goven, accueille des centaines de « Canonniers » ayant payé 80 euros pour un kilo de nourriture et une soirée conviviale. Au menu : produits du terroir, vin à volonté et chansons de Michel Sardou ou Charles Aznavour.

Ce qui inquiète les opposants, c’est l’arrivée récente de Pierre-Édouard Stérin à la tête de l’entreprise. Son fonds d’investissement, Odyssée Impact, a pris le contrôle de la société en avril 2025, selon des recoupements journalistiques.

Un projet politique derrière l’apparence festive

Les détracteurs dénoncent une instrumentalisation idéologique de ces banquets. Sous des airs de fêtes populaires, ces événements serviraient en réalité la bataille culturelle défendue par Stérin dans son plan Périclès, révélé en 2024. Ce plan, selon L’Humanité, vise à « permettre la victoire » de la droite et de l’extrême droite.

Un contexte politique tendu

Alors que la France se prépare pour les élections de 2027, cette affaire s’inscrit dans un climat de tensions politiques accrues. Le gouvernement Lecornu II, sous la présidence d’Emmanuel Macron, fait face à une opposition de plus en plus virulente, notamment sur les questions culturelles et identitaires.

Les banquets du Canon français, présentés comme un hommage au terroir, deviennent ainsi un symbole des divisions politiques actuelles. Pour certains, ils incarnent une résistance locale contre une droitisation de la société. Pour d’autres, ils illustrent les dérives d’un marketing politique qui exploite les traditions pour des fins partisanes.

Une mobilisation qui dépasse la Bretagne

Si la polémique a éclaté en Ille-et-Vilaine, elle pourrait s’étendre à d’autres régions où Le Canon français organise des événements. Des collectifs citoyens et des syndicats commencent à s’interroger sur le financement et les objectifs réels de ces banquets.

En attendant, les « Canonniers » continuent de se rassembler, entre convivialité affichée et enjeux politiques sous-jacents. Une affaire à suivre de près, alors que la campagne pour 2027 s’annonce déjà comme un choc des cultures.