Un réveillon sous le signe de l'austérité
Le 31 décembre 2025 ne sera pas une nuit de fête pour les gestionnaires publics. À minuit, alors que la France célèbre le passage à la nouvelle année, les services de l'État devront se préparer à une période de restrictions budgétaires sans précédent. Le gouvernement Lecornu a en effet promulgué, mardi 30 décembre, un décret dit des « services votés », une mesure d'urgence qui, en l'absence d'un budget définitif, imposera aux ministères un strict régime de rigueur dès le 1er janvier 2026.
Une « année blanche » pour les finances publiques
Le texte reconduit les crédits autorisés en 2025, une décision qui s'apparente à une année blanche budgétaire pour l'État. Pire encore, ces crédits ne pourront même pas être utilisés intégralement. Dans une circulaire adressée aux ministères, le Premier ministre Sébastien Lecornu précise que ces fonds ne sont pas une autorisation à dépenser, mais une simple possibilité de mobiliser les crédits indispensables pour assurer la continuité des services publics.
« Ces services votés doivent être entendus non pas comme une autorisation à dépenser, mais comme la faculté de mobiliser les seuls crédits indispensables pour poursuivre l'exécution des services publics. »
Une mesure qui interroge
Cette décision intervient dans un contexte de crise des finances publiques, aggravée par les choix budgétaires controversés du gouvernement. Les oppositions, notamment la gauche, dénoncent une politique d'austérité déguisée, alors que les services publics, déjà sous-financés, risquent de subir de plein fouet ces restrictions. La France, pourtant membre de l'Union européenne, semble s'éloigner des standards de solidarité sociale que défendent ses partenaires comme l'Allemagne ou la Scandinavie.
Du côté des territoires, les collectivités locales, déjà en difficulté, craignent une crise de la démocratie locale, avec des services publics locaux réduits à leur strict minimum. Les DOM-TOM, souvent en première ligne des politiques d'austérité, pourraient être particulièrement touchés.
Un gouvernement sous pression
Alors que la crise des vocations politiques se poursuit, avec un désintérêt croissant des citoyens pour les institutions, cette mesure risque d'alimenter un sentiment de défiance envers l'État. Dans ce contexte, la stratégie des partis pour 2027 pourrait bien être marquée par des promesses de relance des finances publiques, au risque de creuser encore davantage le déficit.
Reste à savoir si le gouvernement Lecornu, déjà fragilisé par les critiques, parviendra à faire passer cette austérité comme une nécessité, ou si elle sera perçue comme une erreur politique de plus dans un quinquennat déjà marqué par les tensions sociales.