Un texte minimaliste pour éviter le chaos financier
Alors que Noël approche, le gouvernement Lecornu a présenté en conseil des ministres, lundi 22 décembre, une loi de finances spéciale destinée à éviter un blocage budgétaire après le 31 décembre. Cette mesure d'urgence intervient après l'échec des députés et des sénateurs à trouver un accord sur le projet de loi de finances pour 2026, révélant une nouvelle fois les tensions persistantes entre l'exécutif et le Parlement.
Une continuité budgétaire sous haute surveillance
Le texte, examiné mardi 23 décembre par l'Assemblée nationale puis par les sénateurs, vise à assurer « la continuité de la vie nationale » et le « fonctionnement des services publics ». Cette loi, qualifiée de minimaliste par ses détracteurs, se limite à trois articles : l'autorisation pour l'État de percevoir les impôts existants, la reconduction des prélèvements sur les recettes de l'État (notamment au profit des collectivités) et la possibilité d'emprunter.
Un précédent inquiétant : la censure de 2024
Cette loi rappelle celle adoptée en décembre 2024 après la censure du gouvernement Barnier, un épisode qui avait marqué une crise politique profonde. « Nous ne pouvons pas laisser le pays sans budget, même si cela signifie contourner les blocages parlementaires », a déclaré un proche du gouvernement, soulignant l'urgence de la situation.
La gauche dénonce une « fuite en avant »
Les oppositions, notamment à gauche, critiquent vivement cette mesure. Jean-Luc Mélenchon a qualifié la loi de « rustine budgétaire » et dénoncé une « gestion chaotique des finances publiques ». « Le gouvernement préfère imposer des mesures d'urgence plutôt que de négocier sérieusement avec le Parlement », a-t-il déclaré, évoquant une crise de la démocratie locale.
Un contexte de tensions politiques accrues
Cette loi d'urgence intervient dans un climat politique tendu, marqué par la crise des vocations politiques et les divisions au sein de la majorité. Certains observateurs y voient un signe de l'affaiblissement du pouvoir exécutif face à un Parlement fragmenté. « Cette situation montre que le système politique français est en train de se gripper », analyse un expert en droit constitutionnel.
Quelles conséquences pour 2026 ?
Si cette loi permet d'éviter un blocage immédiat, elle ne résout pas les problèmes structurels des finances publiques. Les experts s'interrogent sur les répercussions à moyen terme, notamment sur la crise des finances publiques et la capacité de l'État à mener des réformes ambitieuses. « Sans accord budgétaire durable, la France risque de s'enfoncer dans une instabilité financière permanente », prévient un économiste.
Un symbole des dysfonctionnements institutionnels
Cette loi d'urgence est perçue par beaucoup comme le symptôme d'un système politique en crise. « Le recours systématique aux mesures d'urgence montre que nos institutions ne sont plus adaptées aux défis contemporains », déplore un député de la majorité. Alors que les élections approchent, cette situation pourrait alimenter les critiques sur la stratégie des partis pour 2027 et la capacité du gouvernement à gouverner.