Retraites : Attal propose 1 000 euros à la naissance, une mesure controversée face aux inégalités

Par Mathieu Robin 12/11/2025 à 09:30
Retraites : Attal propose 1 000 euros à la naissance, une mesure controversée face aux inégalités

Gabriel Attal propose 1 000 euros à la naissance pour la retraite, une mesure coûteuse et politisée face aux inégalités.

Une mesure symbolique pour combler les lacunes du système de retraite

Alors que le débat sur les retraites s'intensifie en France, Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République, a déposé un amendement proposant d'octroyer 1 000 euros à chaque enfant dès sa naissance, une somme destinée à être épargnée pour leur future retraite. Cette initiative, présentée comme une solution pour inciter à la capitalisation, suscite des réactions mitigées, entre soutien des familles modestes et scepticisme des économistes.

Un fonds d'épargne pour les générations futures

Selon les partisans de cette mesure, dont certaines mères de famille interrogées, cette allocation permettrait de garantir un socle minimal de retraite pour les enfants.

"Ça permettrait de garantir au moins une petite retraite, quelque chose pour les enfants",
explique l'une d'entre elles. Le fonds pourrait être complété jusqu'aux 18 ans de l'enfant, suivant ainsi une logique d'épargne familiale déjà pratiquée par certaines familles.

Un coût budgétaire lourd et des critiques acerbes

Pourtant, cette proposition, qui sera débattue à l'Assemblée nationale, soulève des questions financières. 660 millions d'euros par an : c'est le coût estimé de cette mesure, un montant non négligeable dans un contexte de rigueur budgétaire. Philippe Crével, économiste et directeur du Cercle de l'Epargne, critique notamment son inefficacité :

"Il ne concerne pas les actifs d'aujourd'hui. Or, le problème des retraites, ça va concerner ceux qui sont déjà au travail et pas forcément ceux qui vont venir dans les prochaines décennies."

La droite et l'extrême droite en ligne de mire

Alors que le gouvernement Lecornu II tente de rassembler une majorité fragile, cette mesure pourrait être perçue comme un coup politique face aux partis d'opposition. La droite, souvent réticente aux dépenses publiques, et l'extrême droite, hostile aux réformes favorisant la capitalisation, pourraient instrumentaliser ce débat pour affaiblir le camp présidentiel. Une stratégie risquée alors que les élections de 2027 approchent.

L'Europe et le modèle allemand en toile de fond

Par ailleurs, cette proposition s'inscrit dans une dynamique européenne. L'Allemagne envisage elle aussi d'instaurer une allocation pour les enfants, bien que sous une forme différente (10 euros par mois entre 6 et 18 ans). Un exemple qui pourrait inspirer la France, mais aussi renforcer les critiques sur l'absence de mesures concrètes pour les retraités actuels.

Un enjeu de justice sociale et intergénérationnelle

Au-delà des aspects financiers, cette mesure soulève des questions de justice sociale. Si elle vise à réduire les inégalités de départ, elle pourrait aussi aggraver les tensions entre générations. Les jeunes, déjà touchés par la précarité, pourraient voir cette allocation comme un placebo face aux défis économiques à venir.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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